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Phagothérapie : le cadre réglementaire en débat

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Un colloque s’est tenu jeudi 18 février à l’Assemblée nationale pour discuter des problématiques soulevées par l’usage des virus des bactéries dans un but thérapeutique. Organisé à l’initiative de la députée européenne Michèle Rivasi, le débat rassemblait élus, entrepreneurs, chercheurs, médecins, patients, associations, législateurs, mais aussi une vétérinaire et des éleveurs de volailles en prises avec des salmonelles et des colibacilles. Le panorama mondial de l’antibiorésistance est critique. Il confronte médecins et patients à des impasses thérapeutiques. La phagothérapie, en alternative aux antibiotiques ou en synergie avec eux, est une solution éprouvée depuis le début du XXième siècle. Sa filière nécessite d’être développée en conformité avec les AMM. Cependant les porteurs de projets se heurtent au manque de connaissance des politiques et à l’absence d’interlocuteur institutionnel dédié. Les bactériophages naturels sont considérés comme biomédicaments, mais le flou du cadre réglementaire actuel complique la mise en place des processus de production des phages purifiés et des essais cliniques. Ce développement long et coûteux est peu compatible avec un concept de phagothérapie sur mesure, plus durable du point de vue de l’évolution des résistances des bactéries aux phages. Un autre problème est rencontré par l’entreprise Eligo Bioscience. Celle-ci utilise les phages comme vecteurs du système CRISPR-Cas9, détourné contre les bactéries pathogènes. Le but est de décoloniser des patients immunodéprimés de leurs bactéries multirésistantes aux antibiotiques avant qu’ils ne tombent malades. C’est là que le bât blesse puisqu’il n’est pas possible d’enrôler des patients considérés comme sains dans des essais cliniques. La commercialisation des phages thérapeutiques et de leurs autres applications nécessitera aussi un cadre légal précis. Autres sujets qui aliment le débat : l’organisation d’un réseau de Centres Nationaux de Référence, les questions éthiques, l’interdépendance de la santé humaine, animale et de l’environnement.

Maude Bernardet