Santé humaine

Édito

Neovacs : la sanction des actionnaires

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Déception pour Neovacs à l’annonce, le 16 décembre, des résultats d’essais cliniques en phase II b négatifs pour le vaccin TNF?-kinoïde sur la polyarthrite rhumatoïde. Le cours de l’action dégringole. C’est la dure loi du marché boursier pour cette société cotée sur Alternext depuis 2010. “La chute de l’action illustre bien le risque “binaire” qui caractérise les sociétiés de biotech” lit-on parmi les commentaires d’Investir. Si les essais avaient été positifs, le cours aurait été multiplié par 3. Tels sont les aléas de la recherche dans le domaine du médicament.

Neovacs est une spin-off de l’Université Pierre et Marie Curie, créée en 1993, qui développe des kinoïdes, un nouveau vaccin thérapeutique anti-cytokine. Il s’agit d’immunothérapie active: la technologie utilise le propre système immunitaire du patient pour réguler les réponses immunitaires inappropriées. L’étude en phase IIB en double aveugle multicentrique sur le TNF?-kinoïde dans la polyarthrite rhumatoïde était menée sur 140 patients en Belgique et dans 9 pays d’Europe de l’Est. Aucun effet clinique n’a été observé.

Le scénario du pire va donc se mettre en place : l’arrêt de cette technologie TNF?-kinoïde qui était développée également dans la maladie de Crohn et pour laquelle une étude clinique de phase IIa avait été realisée il y a deux ans, sans succès. “Les deux vont sortir par la petite porte et non par la grande. Quoi qu’il en soit, nous apprenons sur le plan scientifique, nous progressons, nous allons chercher à comprendre pourquoi nous n’avons pas produit d’anticorps neutralisants à travers notre vaccin” explique Miguel Sieler. Après avoir fait toute sa carrière chez Bayer, il a été nommé récemment à la tête de Neovacs, sous l’impulsion de Truffle Capital l’un des investisseurs historiques de la société, avec Novartis Venture Fonds et OTC Management.

Neovacs a cependant une autre piste avec l’IFN?-Kinoïde dans une autre maladie autoimmune importante, le Lupus. Ce produit a eu des résultats très prometteurs en Phase I/IIa, avec en particulier une forte production d’anticorps neutralisants et va commencer la phase 2 B en juin 2015. Ces essais pourront être financés grâce à un accord de partenariat conclu avec Keppler-Chevreux qui s’engage à lui fournir 20 millions d’euros en trois tranches dont la première de (7,5 M€) est versée sur une période d’un an depuis la signature de l’accord en novembre 2014.

Jusqu’à présent, un seul anticorps monoclonal a reçu une AMM (autorisation de mise sur le marché) avec un avis d’efficacité limitée aussi bien de la part de la FDA (Federal Drug Agency) que de l’EMA (Agence Européenne du Médicament) pour le Lupus qui concerne 6 millions de personnes dans le monde dont 1,5 million aux Etats-Unis. Ce qui représente un marché potentiel de 5 milliards de dollars. Le besoin médical n’est pas satisfait dans la mesure où les anticorps monoclonaux perdent de l’efficacité pour un traitement qui coûte 25 000 euros par an. Neovacs propose une technologie de rupture provoquant la production d’anticorps polyclonaux du soi, qui n’ont pas d’effet de rejet, restent plus longtemps et dont les doses injectées, réduites, font baisser les coûts.

Neovacs décline 3 autres projets IFN?-Kinoïde dont le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) kinoïde dans la DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age) et dans les tumeurs cancéreuses solides. “Nous avons pu constater en pré-clinique que nous avions la même efficacité avec des injections intramusculaires de ce VGEF que deux anticorps monoclonaux ayant reçu une AMM, et qui sont administrés à raison de 6 injections dans l’oeil”. Des résultats attendus à plus long terme.

Thérèse Bouveret