Santé humaine

Édito

Etats d'urgence

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Le feu d’artifice de la fête nationale française s’est terminé par le carnage de Nice, l’œuvre d’un déséquilibré, Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Le 25 juillet, Adel Kermiche, né en 1999, a égorgé un prêtre en plein messe à Saint Etienne du Rouvray.« De tels crimes monstrueux, indescriptibles » sont encore à craindre. Ni l’un ni l’autre de ces deux hommes n’étaient des croyants musulmans. Boualem Sensal, dans le Point, redoute le passage à l’acte de quelques « cas de fous solitaires ou voyous qui s’autoproclament djihadistes » à l’étape suivante de l’islamisme « qui finira pour notre malheur par s’affirmer, s’organiser et lever une véritable armée ». La radicalisation prend du temps au moins plusieurs mois chez les adultes selon Farhad Khosrokhavar, directeur de l’EHESS interviewé par le même hebdo. « A supposer qu’elle soit survenue en deux semaines, cela dénote qu’il ne s’agit pas d’une véritable radicalisation, mais d’une occultation par le tueur de sa perturbation mentale. On peut même parler de radicalisation sans radicalité, car il n’y a chez lui aucune trace d’idéologisation ni d’allégeance à une quelconque instance islamique radicale » déclare-t-il. La fragilité psychique et culturelle des moins de vingt ans les rend vulnérables à la propagande islamiste radicale de Daesch qui vise à utiliser ces zombies du terrorisme pour liquider « la zone grise de l’Islam », les occidentaux de confession musulmane indépendants et neutres, réfractaires au Califat. Les grandes lignes sont tracées dans un document rédigé en 2004 « intitulé « Gestion de la barbarie » rappelle encore Le Point. Les réseaux sociaux diffusent des messages, des vidéos, les incitant à surenchérir dans l’horreur. Le jeune de 19 ans qui a tué un prêtre de 86 ans, Jacques Hamel, était assigné à résidence chez ses parents et portait un bracelet électronique. Il avait fait des passages en hôpital psychiatrique et des séjours en Syrie. L’Etat Islamique a déclaré la guerre à la France. N’importe qui peut participer à cette forme de terrorisme mimétique. Ces actes suicide risquent de se multiplier en France. Comment éluder le fait que nous nous enfonçons dans une zone de peur et d’insécurité qui risque de renforcer le populisme, les extrémismes de tous bords ?

L’une des réponses est la prolongation de l’état d’urgence. Une autre urgence, sur le plan scientifique, est de lutter contre les dysfonctionnements psychiques. Car le jeune de 19 ans qui a tué ce prêtre avant d’être exécuté lui-même par les forces de police relevait de la psychiatrie. En « l’absence de structure d’envergure nationale de prise en charge de cet enjeu majeur de santé publique », Medicen Paris Region vient d’annoncer le lancement d’un futur appel à projet IHU (Institut Hospitalo-Universitaire) sur les maladies psychiatriques qui devrait sortir à l’automne 2016. « Actuellement, le manque de compréhension des mécanismes sous-jacents et l’absence de marqueurs objectifs de validité externe pour identifier les formes homogènes de maladie –-, entraîne un retard au diagnostic et des prises en charges souvent insuffisamment efficaces. Les traitements sont insuffisants et il existe un besoin considérable d’innovation diagnostique et thérapeutique». Ces maladies hétérogènes et complexes se situant à l’interface entre terrain génétique et facteurs environnementaux.