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 Daniel Thomas, homme de réflexion et d’action 

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Daniel Thomas

Lorsque j’ai annoncé la disparition de Daniel Thomas au biotechnologue Alberto Diaz à Buenos Aires, celui-ci a été d’autant plus choqué qu’il était en train de lire le programme d’un colloque où le nom de notre ami figurait en bonne place. Avec le chercheur argentin Alberto Marcipar, exilé par la dictature, Alberto Diaz avait rencontré dans les années 1980 à l‘UTC (Université de Technologie Compiègne) celui qu’il considère avec raison comme un pionnier, « dont les travaux et les idées vont continuer à guider les développement des biotechnologies industrielles ». Il devait l’inviter à intervenir à nouveau en 2015 à Buenos Aires.

J’ai été frappé lorsque j’ai écouté pour la première fois Daniel Thomas à Futuribles par la clarté de son propos. Clarté qui signifiait souvent non seulement un grand sens pédagogique, un désir de communiquer, mais aussi beaucoup de courage. Par la suite j’ai eu la chance de travailler avec lui plusieurs mois à la rédaction d’un ouvrage dont le titre était une exorde : Repenser les biotechnologies. Écrire à quatre mains permet de connaître l’autre de très près. J’ai découvert un homme sensible, discret, profondément meurtri par la disparition prématurée de son épouse. Un homme généreux et respectueux, qui a tenu à m’associer à son ouvrage. Un chercheur et un penseur à la vaste culture, ce qui est nécessaire pour aborder un champ aussi pluridisciplinaire. Daniel Thomas était un adepte de la pensée complexe qui traduisait cela de façon très pratique. Il m’a fait découvrir sans langue de bois les conséquences tragiquement néfastes d’une supercherie intellectuelle : « L’achèvement du séquençage du génome humain, remarquable réussite scientifique, a débouché sur une incroyable désillusion. Le tout-génome lié au tout-thérapie génique aboutit à un désastre : le nombre des demandes d’autorisation de mise sur le marché des médicaments a considérablement diminué dans tous les pays ». Il plaidait pour un retour à une vision systémique du vivant en recherche mais aussi dans l’enseignement : « Formons les enfants dès le secondaire à appréhender les problèmes réels dans leur complexité, à construire des liens entre disciplines, à comprendre l’obligation des collaborations entre spécialistes ». Il ne mâchait pas ses mots sur la nécessité d’innover tout le système allant de la recherche publique à la production de médicaments. Homme d’action, il osait prendre position dans les problèmes généralement mal posés des OGM et il était passionné de travailler avec les entreprises pour concrétiser les possibilités ouvertes par la recherche en amont. Daniel Thomas nous manque déjà beaucoup.

? ANDRÉ-YVES PORTNOFF 

DIRECTEUR DE L’OBSERVATOIRE 

DE LA RÉVOLUTION DE L’INTELLIGENCE À FUTURIBLES