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Avanti les biotechnologies!

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Edito du 15/10/2012 BI N°567

Des centaines de salariés de Sanofi montent à Paris de toute la France pour protester contre les 900 licenciements d’ici 2015 annoncés par le groupe la semaine dernière malgré les 5 milliards d’euros de bénéfices. Soit 1% des effectifs par an. Christian Lajoux, le patron de Sanofi-France qui est aussi le président du LEEM s’en explique dans l’Usine Nouvelle : « Aucune des 47 molécules autorisées l’année dernière en Europe n’est venue de Sanofi » et c’est pourquoi le groupe se réorganise. En effet, il s’agit pour le leader pharmaceutique français d’accélérer la mise sur le marché de nouveaux médicaments d’ici trois à cinq ans. Les molécules à l’avenir viendront des biotechnologies et Sanofi reconnaît avoir pris beaucoup de retard. Pour le rattraper, il s’appuie sur la recherche développée au sein de biotechs. N’a-t-il pas signé récemment un accord de collaboration et de licence avec Oncodesign pour appliquer la technologie propriétaire Nanocyclix (R) dans ses programmes de recherche confidentiels sur les kinases dans l’espoir d’ aboutir à une sélection plus rapide de médicament candidats?En France, des avancées scientifiques remarquables dans le domaine des biomarqueurs permettent d’anticiper la toxicité de médicaments candidats et de développer de nouvelles molécules bien plus ciblées d’après des « profils moléculaires ». Les progrès annoncés au congrès de l’ESMO (Société européenne d’oncologie médicale) qui avait lieu cette semaine à Vienne sont liés à l’arrivée des “thérapies ciblées” dans les cancers du poumon. « Spectaculaires chez un nombre encore restreint de patients, leurs effets cliniques stupéfient les oncopneumologues, jusqu’alors démunis face à ces cancers », lit-on dans un article du Monde. « Entre 2004 et avril 2012, 16 nouvelles thérapies ciblées ont été mises sur le marché en Europe, selon l’INCa (Institut National sur le cancer). La France bénéficie de 28 plates-formes hospitalières de génétique moléculaire des cancers, financées et coordonnées par l’INCa. En France, 15 000 tumeurs pulmonaires métastatiques sont en cours de profilage, sous son égide – la plus vaste série du monde. Biomarqueurs France-IFCT devrait livrer ses résultats en 2013 ». Ces résultats sont dus au formidable essor des techniques d’analyse génétique des tumeurs. En France, des filières scientifiques se développent autour de nouvelles infrastructures pour la recherche en biologie et santé en protéomique, métabolomique etc… (voir colloque Adebiotech de juin). Elles peuvent être mises à la disposition des industriels. Le marché des thérapies cellulaires est un marché de niche en émergence très rapide qui représenterait 3% de la médecine régénératrice. Estimé à 100 millions de dollars en 2007 (hors greffe de sang et de moelle), il connaît une croissance annuelle de 20 à 40 % et devrait atteindre 5 milliards d’euros d’ici 2015. A voir, le scandale récent sur les OGM, le secteur des biotechnologies peut redouter de voir ses avancées remises en question par les mêmes peurs. C’est pourquoi il est important, comme le préconise la ministre Geneviève Fioraso, d’organiser une consultation sereine au sein de la société française sur les enjeux des biotechnologies. Il faudrait également favoriser l’enregistrement des biomarqueurs par l’Agence européenne du médicament qui respecte les procédures de toute demande d’enregistrement d’un médicament et passe par des essais cliniques « randomisés » (les participants sont répartis de façon aléatoire dans le groupe témoin et le groupe expérimental). Ainsi nous pourrions voir galoper quelques gazelles parmi les mastodontes.

 

Thérèse Bouveret