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Algae Natural Food transforme les micro-algues en alimentation durable

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Créée en 2014, la société alsacienne Algae Natural Food produit désormais de la spiruline éco-certifiée. Ses premières installations industrielles au Port Autonome de Strasbourg en partenariat avec la malterie Cargill – qui fournit nutriments, chaleur et CO2 nécessaires aux algues – sont un premier pas vers une économie circulaire exemplaire pour une filière « spiruline » en besoin de qualité !

 Algae Natural Food implante de premiers photobioréacteurs sur le site de Cargill au Port autonome de Strasbourg crédit Algae Natural Food
Algae Natural Food implante de premiers photobioréacteurs sur le site de Cargill au Port autonome de Strasbourg – crédit Algae Natural Food

 

Après de premières recherches sur les microalgues, les procédés de production et le potentiel du marché, la biotech Algae Natural Food a été créé en 2014 avec la spiruline pour première candidate à une production locale, en économie circulaire. « En quatre ans, nous avons été soutenu par l’incubateur alsacien Semia, le CRITT Agroalimentaires, l’association Idée Alsace, le pôle de compétitivité Fibres Energivie,…» détaille Francis Kurz, son président directeur général qui emploie 18 personnes sur le BioParc de l’Eurométrople de Strasbourg, à Illkirch-Graffenstaden.

Avec l’installation d’une unité de production au Port Autonome de Strasbourg, sur le site de la malterie Cargill, Algae Natural Food transforme l’essai ! La jeune biotech compte désormais produire 120 tonnes de microalgues par an, en valorisant les sous-produits du maltage de céréales. Car, si Cargill produit chaque année environ 75 000 tonnes de malt pour les brasseurs régionaux et nationaux, ses effluents feront l’affaire des micro-algues : ces micro-organismes sont – pour certains comme la spiruline – capables d’effectuer la photosynthèse, donc d’absorber du gaz carbonique (CO2) et de restituer de l’oxygène. Une excellente méthode pour lutter contre l’effet de serre tout en produisant des protéines végétales !

Produire en « haute qualité » et en Europe

Petit épine dans le pied : la spiruline a été confrontée à des importations de qualité médiocre voire nocive qui lui ont valu une mise en garde de l’ANSES fin 2017 pour présence potentielle de bactéries ou métaux lourds… Car cette micro-algue, traditionnellement produite en bassin ouvert, subit les contaminations de polluants : un réel frein à l’utilisation quand il s’agit d’importations venues de Chine ou autres pays où le contrôle est difficile à certifier.

Mais Algae Natural Food a la parade : une production locale en système fermé, dans des photobioréacteurs de troisième génération, en exploitant un brevet de Suez dont elle a l’exclusivité mondiale. Cela permet – en plus de limiter l’évaporation d’eau – un contrôle des paramètres de culture garantissant une meilleure qualité des microalgues et leur traçabilité… donc de nouveaux marchés !

La participation d’Algae Natural Food au récent projet européen Interreg IDEA – annoncée fin avril – s’inscrit dans sa volonté d’économie circulaire durable : le projet réunit des partenaires industriels et académique en Allemagne, en Belgique, en France, en Irlande et aux Pays-Bas, tous bien décidés à démontrer que l’Europe du nord peut être un lieu de production idéal pour certaines algues et permettre une chaîne de production durable et viable, à la fois écologiquement et économiquement.

Francis Kurz résume ainsi l’enjeu : « Par dessus tout, nous avons besoin d’un produit de haute qualité pour re-conquérir l’opinion publique et les investisseurs ! Les conditions de production peu contrôlée de la spiruline importée lui a causé du tort. C’est dommage car elle est intéressante nutritivement et peut être produite ici, dans un cadre où elle permettrait en plus de réduire l’impact environnemental global de certaines industries européennes. Avec le projet européen IDEA, nous voulons renforcer l’ensemble des partenaires du projet et dynamiser l’ensemble de la filière ».

Algae Natural Food qui exploite pour le moment 1,3 hectares envisage, grâce à de nouvelles collaborations déjà identifiées, d’étendre cette surface à 40 hectares, une ambition largement portée par les opportunités de culture de micro-algues en économie circulaire… et par le grand nombre de débouchés de cet « or vert ».

 

Focus sur la spiruline

Algues vertes- crédit Algae Natural Food
Spiruline – crédit Algae Natural Food

La spiruline est désormais réputée pour être la meilleure source de protéines végétales connue à ce jour tout en apportant de nombreux nutriments. Elle contient entre 55 et 70 % de protéines, 8 acides aminés essentiels non fabriqués par notre organisme, plusieurs acides gras dont l’oméga-6 et de l’acide gamma-linolénique, des oligoéléments et minéraux (fer, magnésium, calcium, phosphore, potassium, sélénium, sodium, chrome…), des vitamines (A, B1, B2, B3, B6, B7, B8, B12, D, E, K) et de très nombreux pigments (chlorophylle, bêta-carotène, phycocyanine…).

Cette micro-algue permet donc de répondre à des utilisations diverses en complément alimentaire, sous forme de comprimés ou de poudre incorporée à des produits comme des pâtes, une soupe, du pain ou du chocolat… Mais elle pourrait aussi intervenir dans des cosmétiques (pour sa vitamine E et son bêta-carotène)ou en remplacement écologique des farines animales pour les élevages d’animaux, particulièrement dans la pisciculture.

La produire sur le continent où elle est consommée ensuite, répond aussi à d’autres enjeux : mettre sur pied une économie circulaire locale et éviter de transformer des continents défavorisés – voire affamés comme l’Afrique – en « pourvoyeur » de l’alimentation occidentale. En effet, les productions du sud exportées ne profitent pas aux populations… et impliquent un risque de propager en même temps que le produit principal des éléments susceptibles de causer des allergies à des consommateurs lointains ou propager des maladies endémiques.